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été prisonnier; et y retourna en la même façon qu'il étoit venu, avec semblable hautesseet assurance, comme s'il fut allé aux nôces. Dès ledit jour i\ fit couper sa barbe, qu'il nourrissoit longue depuis qu'il étoit prisonnier; paya les sept cents écus pour les deux amendes, et le lendemain s'en alla à Fontainebleau pour tacher à obtenir son rappel de ban ; [mais il n'y trouva point d'amis ,] et lui fut tout à plat dénié.
•Le peuple de Paris murmura fort contre cet arrêt, disant que si ce conseiller étoit convaincu des cas à lui imposés, comme son arrêt le portoit, on le devoit sans misericorde envoyer droit au gibet. [Son compagnon, qui pensoit qu'il dût être pendu, l'ayant été voir après «a condamnation, lui dit en le saluant : « Monsieur, « beau quorum remissœ sunt iniquitates... Et quo-« nim tecta sunt peccata, lui va incontinent repartir « Poisle. » Et ce fort à propos ; car qui les eût voulu ramentevoir, il n'en eut pas eu meilleur marché que Poisle.] Les prédicateurs de Paris en parlèrent même en leurs chaires, entre les autres frere Maurice Poncet, curé de Saint-Pierre des Arcis, qui fit une comparaison dc la diligence des messieurs à celle de sa chambriere, cquivoquant sur la poésie et le chaudron : qui étoit le conseiller Mole vaut (-), appellé Malevolus par le prési­dent dc Thou, et que chacun disoit ne valoir pas mieux que Poisle. Auquel propos fut fait le hui tain suivant :
Soixante hommes ont fait en neuf mois tous entiers, Disoit le bon Poncet, ce que ma chambriere Pourroit en un quart d'heure elle seule mieux faire ; Car ils ont employé d'un an les trois quartiers
(0 Mo'evant : Il y avoit alors deux conseillers de ce nom au parle* ment : Guillaume et François de Mnulevaut
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